Jean-Philippe Motte comptait parmi les membres grenoblois les plus actifs de notre Association des amis d’Emmanuel Mounier,
philosophe lui-même grenoblois parmi les plus importants du XXe siècle,
connu pour être le fondateur de la Revue Esprit qui franchira cette année le cap des 85 ans.
La pensée de Mounier lui importait car elle donnait sens et cohérence à l’existence autour de l’axe d’une vie intérieure largement ouverte à l’appel du monde. Car le spirituel, pour Mounier, n’est en rien repli sur l’intériorité mais acte de présence, sortie de soi, arrachement, en d’autres termes engagement mais toujours profondément ancré dans un travail de réflexion et de méditation. La vie personnelle est comme un moteur à deux temps tirant son énergie du constant va-et-vient entre l’un et l’autre.
L’existence de Jean-Philippe l’illustre si bien ! Et pour nous en tenir à Mounier, au moins deux illustrations de cette conviction chez notre ami.
D’abord la part très active qu’il avait prise dans l’organisation d’un colloque important qui eut lieu en 2001 à Grenoble, en lien avec le Lycée Mounier, pour souligner l’actualité de la pensée de Mounier dans un monde en proie à une crise de civilisation qui n’est pas sans rappeler celle des années 30 au point de départ de sa réflexion.
Ensuite, son souci de manifester la fidélité de Grenoble à la mémoire de celui qui était né quai Perrière le 1er avril 1905. Cela sous la forme d’une plaque commémorative qui fera l’objet, à son initiative, d’échanges très fructueux avec l’adjointe au patrimoine, Mme Jullian. C’est à lui et à la mairie de Grenoble que l’on devra la mise en place de cette plaque dans la Grand-Rue où Mounier a passé toute son enfance. Et cet « évènement » selon un terme si cher à Mounier, fera l’objet de diverses manifestations en lien avec le lycée Mounier, l’Université et d’autres lieux de culture. Voici ce qu’il m’écrivait il y a quelques mois à propos du libellé de la plaque :
– « La personne se prouve par des engagements ».
– « Nous ne nous engageons jamais que dans des combats discutables et sur des causes imparfaites. Refuser pour autant l’engagement, c’est refuser la condition humaine ».
– « La vérité, spécialement la vérité historique, ne se connaît que dans un engagement vécu ».
Et il ajoutait : « On pourrait aussi compléter par « Mounier inspirera de nombreuses personnes engagées dans la transformation de la cité, en lutte contre le « désordre établi » et ses injustices ». Jean-Philippe pensait à bien des militants et responsables politiques grenoblois. Mais, sans le vouloir, n’était-ce pas son propre portrait qu’il dressait ?